TROPA DE ELITE : RIO NE REPOND VRAIMENT PLUS
Synopsis :

1997, les milices armées liées au trafic de drogue contrôlent les favelas de Rio. Rongée par la corruption, la police n'intervient plus sur le terrain. Les forces d'élite du BOPE (Bataillon des opérations spéciales de police) sont livrées à elles-mêmes dans leur lutte sans merci contre les trafiquants. Mais le maintien de l'ordre a un prix : il est de plus en plus difficile de distinguer le bien du mal, de faire la différence entre l'exigence de justice et le désir de vengeance. Le Capitaine du BOPE Nascimento est en pleine crise : en plus de risquer sa vie sur le terrain, il doit choisir et former son successeur, dans l'espoir de quitter cette vie de violence et de rester auprès de son épouse, qui s'apprète à donner naissance à leurs premier enfant. Neto et Matias, deux de ses recrues les plus récentes, sont amis d'enfance : l'un est un as de la gâchette, l'autre refuse de transiger sur ses idéaux. A eux deux, ils seraient parfaits pour le poste. Séparément, il n'est pas sûr qu'ils puissent s'en tirer vivants...

Quelle claque! Ce film est une démonstration de cinéma. La fiction nous est dévoilée comme une réalité : les angles de vue, les prises en mains des caméras, tous nous immerge à 100% dans l'action menée par les soldats de la BOPE. La justesse des comédiens donne le ton de l'implication que chacun à apportez au film de Padilha, à l'image de Wagner Moura (capitaine Nascimento) impéccable capitaine de la BOPE pris de crise d'angoisse en attendant l'arrivée de son premier enfant. Des gros traffiquants aux petits dealers d'université, rien ne nous est épargné. Toutes les classes sociales sont touchées de près ou de loin par l'enlisement de la politique brésilienne à l'égard des favelas et du manque de moyen de la police. Dans ce marasme ambient, il est intéressant de noter l'importance de la voix off qui nous lie aux évènements tel un guide dans un labyrinthe infranchissable.

On peux tout de même regretter l'omniprésence de la violence, que ce soit lors de descentes de police ou de l'entrainement très particuliers des aspirants à la BOPE. De la hiérarchie gangrénée par la corruption à la vie de famille rendue difficile par la peur de mourir, le film nous embarque volontairement dans une ambiance au bord de l’explosion.

Un conseil : allez voir ce film dans sa version originale, tant le brésilien, si chantant habituellement, peut nous sembler très angoissant lorsque la réalité dépasse de loin les simples plaisirs du carnaval.

La polémique est lancée !

Lorsque José Padilha réfléchit à l'écriture et la réalisation de Tropa de elite, nous sommes en 2002 sur le tournage de Bus 174. De nombreux films traitant de la violence urbaine sont alors proposés aux spectateurs brésiliens et du monde entier. Malgré l'abondance de ces films ultra-violents sur les favelas, Padilha se rend compte que ceux-ci ne traitent du sujet que sous un seul angle : celui des narco-trafiquants. Cependant, les violences et autres malversations de la police de Rio ne sont jamais évoquées.

Padilha décide donc de montrer au monde un point de vue différent, ceci afin de démontrer l'hypocrisie qui entoure la ville de Rio. Le réalisateur explique que la police, faute de moyens, est obligée d'avoir recours à des méthodes plus que discutables. « Pour faire le bien il faut nécessairement en passer par des trucs pas très nets. »

Voilà donc la polémique lancée à la face du monde !

Comment les plages brésiliennes peuvent-t-elles faire rêver le monde entier quand la police de l'état de Rio tue 3000 personnes par an ? Comment ne pas soulever l'indignation des associations des Droits de l'Homme quand la BOPE torture les suspects afin de leurs soutirer des informations ? Comment avoir confiance en une police gangrénée à tous les échelons ! Voilà ce que nous montre le film! La potentielle dure réalité du policier à Rio. Je dit « potentielle » car, n'ayant pas de connaissances économiques et sociales sur l'état de Rio, je ne m'appuie que sur le seul point de vue de Padilha. Celui-ci fut d'ailleurs très décrié : d'un côté ceux qui crient au scandale et à l'exagération du propos du réalisateur (voir le traitant de film fasciste) et de l'autre, des militants acclamant la prise de position de Padilha et son génie cinématographique.

C'est d'ailleurs ce que je retiens de ce film qui a également été acclamé par le grand Costa-Gavras qui, à la tête du jury du 58ème festival internationnal du film de Berlin 2008, remit à Padilha l'Ours d'or du meilleur film. A VOUS DE JUGER…

Afin d'en savoir plus je vous conseille de lire le rapport de 2006 sur la situation des droits de l'Homme au Brésil : http://www.state.gov/g/drl/rls/hrrpt/2006/78882.htm

LUDOVIK

TROUPE D'ELITE

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